Vous devez entendre tout et son contraire en matière d’éducation et de comportementalisme canin. Comme dans tous les domaines on y trouve beaucoup de clichés.
On va déjà rappeler ce qu’est l’éducation pour moi : elle doit être progressive et basée sur la science. En tachant d’être assez bref… Il s’agit dans notre pratique d’utiliser le plus possible le renforcement positif, c’est à dire de construire des apprentissages souhaités et de renforcer les comportements que l’on veut voir se reproduire. Le but est que le chien participe activement à ses apprentissages et même qu’il puisse y consentir. On le rend acteur de son éducation, on le laisse choisir et on valorise les choix souhaités. Le bien-être et la sécurité autant du chien que de l’humain doit être la priorité.
C’est en favorisant autant que possible le renforcement positif et le consentement de l’animal qu’on va permettre de créer une confiance mutuelle et un lien solide avec le chien, là ou une contrainte importante ou une pression risquerait d’entacher cette relation.
Car en ayant recours à la violence, que ce soit par la voix ou physiquement, on détériore le lien avec son chien, qui ne se sentira plus en sécurité, sera stressé, pourrait avoir peur, se méfier ou simplement douter de vos intentions. Bien sur, la violence fonctionne. Et même si dans bon nombre de cas, on peut parler clairement de maltraitance, oui elle marche très bien mais à quel prix ? Bien sûr elle pose non seulement de nombreux soucis, mais personnellement, ce n’est pas une relation basée sur la crainte et l’intimidation que je veux développer avec mon chien. J’ose espérer que vous non plus.
On parle ici avant tout de respecter le chien, dans son intégrité physique, mais également psychologique.
On ne va pas se limiter à traiter les symptômes apparents, c’est à dire ce que vous appelez un « mauvais » comportement. Je mets le terme mauvais entre guillemets tout simplement parce qu’il s’agit là d’un jugement de valeur personnel, ce même comportement pourrait ne pas gêner votre voisin, et puis votre chien ne fait pas la distinction. Un bon éducateur et/ou comportementaliste va chercher à analyser ce comportement et en déterminer sa fonction. Il va tenter de déceler dans quelle mesure le chien le réalise pour trouver une réelle solution.
Car si votre chien saute sur vous, on peut alors lui péter les côtes à coup de genoux, très vite il ne vous sautera plus dessus (et encore, pas toujours…). Problème réglé ? Oui. Mais votre chien va probablement trouver une autre manière de répondre à la fonction du comportement initial par un nouveau comportement qui pourra vous gêner lui aussi à son tour.. Ou alors il n’osera plus s’approcher de vous du tout, au choix. Vous imaginez bien que je condamne ce type de méthodes et je les trouve en plus, complètement inefficaces.
Premier cliché à démolir : le laxisme.
Utiliser le renforcement positif ce n’est pas laisser tout faire. Ce n’est pas dire Amen à votre chien lorsqu’il qu’il mange votre canapé. Non. Laxisme ne rime pas avec renforcement positif, et ne faites pas cet amalgame s’il vous plaît.
Vous en verrez qui se laissent déborder et qui penchent vers une tolérance de tout. Le problème n’est alors pas le mode d’éducation choisi, ce sont les choix de la personne en elle même, ou son manque d’outils et de compétences pour trouver une solution non-violente à la situation. Certaines personnes vont ainsi préférer ne rien faire plutôt que d’avoir recours à de la brutalité (ou simplement de peur de “mal faire”). Un bon éducateur ou intervenant en comportement vous aidera à trouver des solutions non-violentes, sans pour autant faire preuve de laxisme.
On entend souvent aussi qu’une éducation actuelle et favorisant le renforcement positif à ses limites (ça doit être une des phrases que j’entends le plus) et bien je suis navrée de vous l’apprendre mais non. La science a toujours raison. Toujours. Elle n’a de limites que les compétences et la patience de la personne qui l’utilise. Si ça ne fonctionne pas ce n’est pas parce que la méthode ne convient pas à ce chien en particulier, mais parce que vous n’avez pas assez d’outils à votre arc ou que vos connaissances et compétences ne sont pas assez développés pour en venir à bout. Parce que c’est promis, on y arrive, que ce soit pour la rééducation de chiens réactifs ou un soucis de marche en laisse tout à fait basique (mais pas toujours si simple que ça au final).
Ça fonctionne sur tous types de chiens, sur toutes races de chiens, peu importe l’âge ou le sexe.. Ça n’est pas seulement efficace sur les chiens de mémé ou les bergers australiens. Je sais, je suis assez mal placée pour vous dire ça, mais allez plutôt croire Lisa d’Animal Académie.
Bien sûr ce sera probablement plus facile (et encore..) d’apprendre tout ça à jeune chiot tout fraîchement arrivé chez vous qu’un vieux chien battu dont les comportements se sont ancrés et renforcés durant des années. Ce sera juste une question de patience, de motivation et d’adaptation, mais tout est réalisable.
Mais du coup, beaucoup pensent qu’on ne punit pas. Effectivement, je ne vais pas vous mentir, le but pour moi est d’arriver à punir le chien le moins possible, de gérer les choses le mieux possible pour ne pas en arriver à la punition. Mais parfois, il s’avère qu’on punit. Mais le but est pour nous d’impacter négativement le moins possible l’état émotionnel et psychologique du chien pour favoriser son bien-être.
On entend souvent parler de l’ignorance comme punition. C’est effectivement une forme de punition parfois utilisée, mais ne vous méprenez pas, ce n’est pas la réponse à tout. Il ne suffira pas d’ignorer votre chien pour qu’il cesse d’aboyer ou de dévorer votre fauteuil préféré… C’est un des outils qu’on utilise parfois, mais c’est bien loin d’être le seul ni même celui qui sera préconisé.
Des distributeurs à friandises ? Certainement pas. La friandise est un outil utilisé. Oui, c’est vrai, et je dois dire que je l’utilise beaucoup. Mais si votre chien ne vous écoute jamais si vous n’avez pas de nourriture dans les mains ce n’est pas la saucisse le problème, ce n’est pas votre chien non plus, c’est votre processus d’apprentissage. C’est votre manière d’utiliser cette friandise qui n’est pas adéquat avec le résultat que vous voulez obtenir.
L’utilisation de la friandise est un art bien souvent négligé et qui nécessite une bonne maîtrise et de sérieuses connaissances. Alors oui, on l’utilise, parce que bien utilisé, c’est un outil formidablement efficace et utile.
Et puis c’est bien connu, tous les chiens éduqués grâce au renforcement positif sont gras comme des cochons à force d’être gavés de fromage, si bien qu’on les fait tous rouler pour les promener !
Et pour terminer… Non nous ne sommes pas des Bisounours. Oui, je suis une personne non violente, patiente et bienveillante Mais je suis aussi réfléchie, tenace, organisée et surtout efficace.
Et ne tentez pas de me faire des câlins car je n’apprécie ça que moyennement…
Tout comme beaucoup de chiens, mais ça, on en reparlera ! On en profitera pour approfondir peut-être pour approfondir d’autres sujets…
Je rappelle que ces propos n’engagent que moi, il s’agit de mon opinion dans laquelle vous pouvez vous y retrouver… ou non.
2 comments on “Ma vision des choses sur l’éducation des chiens : et si on abattait les clichés ?”