La banalisation de la violence

comportementaliste amiens somme

Le chien est un être vivant doté de sensibilité. Ce n’est plus à prouver, un chien ressent la douleur, il est également capable de ressentir des émotions comme la peur, la joie, la colère, la tristesse… On parle donc, non seulement d’une sensibilité physique qui serait semblable, mais surtout d’une sensibilité émotionnelle proche de la nôtre. On ne sait pas encore à quel point d’après mes dernières lectures, mais j’ai l’impression que plus on en apprend, plus on se rend compte que nous ne sommes pas si « supérieurs » que ça aux autres espèces. Car oui, nous sommes aussi des animaux.

En partant de là on comprend aisément les conséquences que peut avoir la violence sur le chien, d’un plan émotionnel et physique.

Pour les humains, quand on parle de violence, on pense souvent aux coups en premier, on parle d’ailleurs de femmes battues, d’enfants battus etc. La violence peut pourtant se décliner de plusieurs façons… Sous forme psychologique : avec des menaces, du chantage, du harcèlement, des humiliations, des rabaissements… Ou encore de la violence verbale avec les insultes, les cris… Mais aussi séquestration, contraintes diverses…

Vous voyez ou je veux en venir ? Quand on parle de violence on pense tout de suite à la violence physique. Mais la violence ne s’arrête pas là… Le dictionnaire dit « Contrainte, physique ou morale, exercée sur une personne en vue de l’inciter à réaliser un acte déterminé », ou encore « La violence est l’utilisation de force ou de pouvoir, physique ou psychique, pour contraindre, dominer, tuer, détruire ou endommager. ». On ne parle donc pas seulement de force physique ou de contraintes physiques.. Râler ou crier sur son chien est donc une forme de violence. Tirer sur la laisse ou donner un coup de sonnette, une tension, sont des formes de violence. Donner une petite tape sur les fesses ou sur le museau de votre chien est une forme de violence. La violence englobe donc tout, se manifestant sous des formes légères comme beaucoup plus graves. Néanmoins il s’agit seulement de notre propre jugement, de notre mesure, car le chien ne pourra pas nous dire à quel point ça l’affecte. Vous ne pouvez pas décider de ce qui est le « moins pire »

On entend venir les excuses…

« La dominance », qui expliquerait qu’il soit possible d’avoir recours à la violence « pour ne pas se laisser marcher dessus ». Je vous envoie ici pour comprendre un peu mieux ce que je pense de la dominance. En bref, ce principe est une invention humaine. Vous pouvez développer une relation, motiver votre chien à répondre à vos demandes rapidement et sans hésitation sans jamais avoir besoin de la violence. Pas besoin de retourner Médor pour qu’il vous respecte. Il suffit juste de lui apprendre ce que vous souhaitez qu’il fasse pour qu’il ne fasse pas ce que vous ne souhaitez pas qu’il fasse. Logique non ? Développer une relation affective avec lui, construisez une confiance mutuelle. C’est non seulement plus efficace, mais surtout beaucoup plus agréable ! Et surtout.. Laissez le être un chien !
Je vous vois venir, non ça ne fonctionne pas qu’avec les borders collies ou les bergers australiens, ça fonctionne avec tous les chiens. Si vous en doutez encore, n’hésitez pas à aller lire cet article.

« Ça ne le tuera pas » … Oui, une tape sur le nez ou sur les fesses ne tuera pas votre chien. Lui crier dessus ne tuera pas votre chien. Ça c’est certain. Mais est-ce que ça rend ces actes admissibles ? Est-ce que le fait que ça ne les tue pas rend cette pratique légitime ? Donc quand on fait quelque chose qui ne tue pas notre chien on est excusé automatiquement ? Vous sentez le ridicule de cette excuse ? Allez on va faire une transposition bien moche : un attouchement sur mineur c’est pas grave alors ? Ben oui, ça ne le tuera pas…

Dans la même veine, « ce n’est pas grave » … Vous pensez que ça ne l’est pas. Mais et votre chien ? Lui avez-vous demandé s’il pense que ce n’est pas grave ? Votre chien ne peut pas vous le dire avec des mots. Parce ceux qui connaissent la le langage corporel du chien savent qu’il peut tout de même l’exprimer clairement, il suffit de savoir l’observer et le lire. Et alors vous verrez aisément l’impact que ce type d’attitude peut avoir sur votre chien, la quantité de signaux de stress qu’il va émettre, sa volonté de se soustraire à la situation. Les observer, c’est leur donner la parole. Regardez les plus souvent, vous réaliserez peut-être un peu plus leur mal-être face à la violence quelle qu’elle soit…

En ayant recours à la violence, que ce soit par la voix ou physiquement, on crée du stress, une réaction de défense du cerveau : les émotions comme la peur ou la colère. Qui peuvent provoquer des comportements conscients et inconscients comme les signaux de stress et d’évitement. Si on ne tient pas compte de ce langage du corps on risque de déclencher des comportements plus intenses : fuite, agression… Logique, car le stress enclenche des mécanismes de survie. Oui oui, de survie. C’est comme ça que les « accidents » arrivent. Qui ne sont finalement, bien souvent pas des accidents, le chien ayant montré de nombreuses fois sans qu’on l’ait observé, avant de passer à l’étape supérieure (morsure par exemple..).

Au-delà d’un accident potentiel, les comportements violents, même les plus légers vont avoir un impact sur le lien que vous forgez avec votre chien. Ça affecte de plein fouet votre relation. Médor peut avoir peur, se méfier ou simplement douter de vos intentions. Il ne suffit de pas grand-chose parfois, une tape sur l’oreille et votre chien aura alors des réflexes d’évitement en voyant votre main s’approcher de sa tête pendant plusieurs semaines. A côté de ça, certains chiens sont plus tolérants et endureront beaucoup avant que ça n’affecte leur comportement de manière visible. Des jours, des semaines, des années.. Parfois toute une vie. On pense que tout va bien, alors que le chien lui, meurt à petit feu de l’intérieur. Bonjour la dépression.

Bien sûr, la violence fonctionne. Et même si dans bon nombre de cas, on peut parler clairement de maltraitance, oui elle marche très bien. Surtout à court terme, sur l’instant. Le chien va obéir par crainte, il va s’inhiber, il va même parfois aller jusqu’à déprimer. Mais en apparence, on garde un chien qui semble attentif, bien éduqué, qui ne fait pas un pas de travers. Un chien sous contrôle en somme. Le rêve de tout Homme hein ? Et le bien-être du chien, on le piétine au passage.

Ce n’est pas une relation basée sur la crainte et l’intimidation que je veux développer avec mon chien. J’ose espérer que vous non plus. Aillez le courage de dire non, de refuser la violence comme première solution. Il est possible de faire autrement. Alors pas de panique, il est encore temps de changer, de vous faire aider si besoin !

“Cesser d’utiliser les méthodes dures, la violence est les contraintes physiques dans l’éducation et les manipulations : il n’y a pas de justifications à cela et les réactions du chien nous montrent justement que ces comportements n’ont aucune valeur. »

Turid Rugaas dans « les Signaux d’apaisements »

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